Résumé
Le principe de toute méthode de joute est de faire tomber son adversaire à l'eau dans le respect du règlement sportif.
Chaque région a développé ses méthodes de joutes en fonction de son histoire et le long des fleuves,que sont la Saône,le Rhône,mais aussi l'Oise et le Loing,ce sont les bateliers transportant des marchandises qui ont donné à ces régions une méthode rigoureuse,ou plutôt deux méthodes,la givordine et la lyonnaise
Pratiquée sur des bateaux rouges et bleus à fond plats,ventrus,d'une dimension de 7m de long par 2 m de large sur la partie la plus arrondie des flancs,les jouteurs se maintiennent en fente avant,jambe droite en arrière,sur une plateforme de 2m20 de long sur 0m80 de large,appelée tabagnon.Ils sont munis sur le coté gauche d'un plastron ,sorte de bouclier,en bois,carré,de 0m31,maintenu sur l'épaule par une lanière,avec en son centre un carré blanc dans lequel le jouteur adverse doit obligatoirement piquer sa lance
La grande puissance développée par le choc des lances au moment de l'affrontement a obligé,pour la sécurité des jouteurs,de placer des bourrons de protection le long des flancs des bateaux,et à substituer les rameurs,initiaux,par un moteur,afin que ces rameurs puissent participer à la protection des jouteurs en les rejetant à l'eau s'il s'averrait qu'ils tombent dans ou contre le bateau,mais la pratique à la rame a toujours lieu lors de manifestations festives. Un barreur tient le gouvernail et actionne le moteur,les barreurs ont une formation spécifique
De sa main droite,le jouteur tient une lance calée contre le haut de la cuisse avec un bourron,une protection qui sert de calage ,les lances sont de dimension et de diamètre différents en fonction de la catégorie: la plus petite est de 14 pieds(4m60)et la plus longue de 18 pieds(6 m),le pied de cette mesure étant une notification ancienne du Moyen Age,de 33,33 cm,et non pas le pied anglais
Les lances sont munies en bout de crampons en fer pour piquer dans le carré blanc du plastron(voir l'historique en pages documentaires)
Chaque jouteur ou jouteuse(cette pratique est ouverte aux jeunes filles)est vêtu d'un pantalon corsaire blanc,obligatoirement,et porte un maillot et des chaussettes à la couleur de son club ou de sa société,et des chaussures blanches
Les sportifs sont classés par catégories d'âge et de poids,des cadets aux seniors lourds,et la longueur des lances suit cette classification.Les jeunes participent à des criteriums,de 10 à 14 ans dans des catégories minimes et benjamins
La spécificité de cette joute est la position du jouteur,souvent au grand écart sur le tabagnon,afin de descendre le centre de gravité et ainsi,présenter plus de difficultés à son adversaire pour le mettre à l'eau,le mouiller dans le langage des joutes que vous retrouverez dans nos pages documentaires
Mais attention,aucune partie autre que les pieds ne doit toucher le tabagnon!!!
Un règlement sportif strict répertorie toutes les fautes du jouteur
Cette position est interdite chez les jeunes car trop contraignante pour leur orgnisme en pleine formation,ils joutent donc avec le genou fléchi,ce qui correspond aux autres méthodes de joute,le grand écart ayant été apporté par de grands champions et ne se pratiquant pas dans les autres méthodes
On vous laisse imaginer les heures d'entrainements,de gainage,de musculation et d'apprentissage de concentration et d'adresse pour pratiquer cette joute,dite givordine lorsque les bateaux croisent par la droite,ce qui fait se rencontrer les jouteurs de face,et lyonnaise lorsque les bateaux se croisent par la gauche,ce qui oblige le jouteur à une torsion du buste,plus conséquente qu'en givordine
Tous les historiens cherchent encore pourquoi ces deux modes de rotation des bateaux existent,et laquelle a été la première effectuée! vaste débat depuis des générations de jouteurs,non encore résolu!
Il existe un championnat de France par catégorie,très prisé et de haut niveau,et une coupe de France par équipe.
Chaque ville ou village le long de ces fleuves,du Rhône,surtout,organise des tournois,chaque été,pour célébrer les plus souvent la fête du village ou une fête votive.Ainsi,de Digoin à Isle sur la Sorgue,on ne compte pas moins de 36 sociétés
Les défilés pour les grandes occasions,que sont les championnats de France ou la Coupe de France,sont très colorés et festifs,dans une ambiance de fête et de réjouissance,où chaque société défile avec des banderoles et parfois des fumigènes à leur couleur,au son des fanfares,dont la plus célèbre est la barquette,qui joue tout au long du tournoi des airs populaires identiques depuis un siècle,se rapportant souvent à une histoire propre d'un village
Les sociétés de joutes dites modernes sont issues de la batellerie de bois,donc sans moteur,lorsque les marchandises transitaient par les fleuves,le plus souvent jusqu'à Baucaire,dans le sud,et vers la Seine,dans le nord.Les tabagnons étaient alors appelés coursiers de culissage,et servaient à débarquer les chevaux sur le chemin de halage,à la remonte des fleuves (voir historique)Lorsque les bateliers s'arrêtaient dans les villes et villages,toute la population venait aux joutes.
Ces sociétés et clubs sont plus que centenaires,crées entre 1870 et 1912 pour la plupart,et existent toujours,souvent sous le nom de sauveteurs car les membres de ces sociétés aidaient à la sauvegarde de la population lors des crues fréquentes des fleuves,d'ou le sport barque de sauvetage que vous retrouverez plus loin.
Il faut préciser que certains verriers de la région de Givors,au sud de Lyon,ont exporté la joute givordine dans la région de Rodez,région où ils devaient se rendre pour leur travail,et il existe encore des joutes givordines autour de Cahors,La Boisse Penchot
